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C’est facile de faire une montagne de changements à votre jeu. Cela ne veut pas dire que ça l’améliorera, toutefois. Il faut comprendre le mécanisme complet du jeu pour pouvoir amener des modifications qui sont logiques et que vous aimerez – surtout si vous allez encourir des coûts. Ceci vous permettra de prendre les meilleures décisions. Pour vous aider, voici une liste de questions que vous devriez vous poser.

Jeu stratégique ou tactique ?

Les jeux de guerre se divisent généralement en deux groupes : stratégiques et tactiques. Cette différence est cruciale et c’est pourquoi il faut bien la comprendre.

Un jeu stratégique se joue typiquement au niveau “macro” (ou à grande échelle). Essentiellement, vous êtes le chef d’État et le généralissime de votre nation. Vous devez gérer la production de ressources pour lever des armées et capturer des territoires pour faire croître votre économie. Vous déplacez des centaines de milliers d’hommes à la fois. Vaincre votre adversaire demande de concevoir un plan pour détruire ses armées et s’approprier ses ressources.

Un jeu tactique vous rapproche beaucoup du terrain, du soldat. Vous commandez habituellement une plus petite unité sur un champ de bataille bien défini. Votre mission sera typiquement de neutraliser des points forts, capturer des objectifs spécifiques et importants et briser les lignes ennemies. Les types d’unités sont variées et elles possèdent un arsenal d’aptitudes spécifiques conçues pour accomplir des tâches bien définies. Parfois, les unités initiales sont les seules que vous aurez tout au long de la partie ; lorsqu’elles sont perdues, elles le sont à jamais. La différence entre la victoire et la défaite se mesure parfois à la prise d’un seul bunker, d’une seule colline.

Comme vous le constatez probablement, les changements que vous voulez apporter doivent se conformer au type de jeu que vous jouez. Par exemple, ajouter des mécaniques extrêmement spécifiques dans un jeu stratégique donnera un résultat soit complètement inutile, soit complètement surpuissant. De la même manière, inclure un volet de gestion des ressources dans un jeu tactique où tout tourne autour de la mobilité sur le champ de bataille et l’utilisation de contre-mesures précises donnera une lourdeur au jeu, en plus de le dénaturer. Ce genre de mauvais ajout peut aussi carrément tuer les aspects du jeu que vous aimez. Il faut donc s’assurer que les changements apportés seront alignés avec le style de jeu en question.

Quel est le niveau de complexité ?

Chaque jeu a son lot de règlements bien défini. Certains sont simples à comprendre et appliquer. Par exemple, Axis & Allies utilise une mécanique de jeu relativement simple : les unités coûtent de l’argent, ont une valeur d’attaque et de défense et on roule un dé à six faces pour déterminer si l’unité atteint un ennemi ou pas. D’autres jeux, tels que Colonial Twilight, utilisent un système plus complexe, avec une tonnes d’options à chaque tour, et des règles remplies de subtilités. Ceci crée beaucoup de variations possibles pour les actions à prendre à chaque tour.

Cela peut sembler contre-intuitif, mais je crois que les jeux complexes sont, en fait, plus faciles à modifier ou pour ajouter des nouveaux éléments. Ceci s’explique par le fait que les jeux avec une mécanique simple offrent peu de place pour faire des changements sans risquer de le déstabiliser. Dans Axis & Allies, il est en fait plutôt difficile d’ajouter une unité avec une valeur de coût, d’attaque et de défense sans rendre une autre unité complètement inutile ou détruire un pan complet de la nature même du jeu. Ceci dit, même un jeu avec une mécanique simple offre habituellement suffisamment d’opportunités d’améliorations pour être intéressant. J’ai obtenu de bons succès dans l’implantation de changements pour Axis & Allies 1914 parce qu’un des aspects importants du jeu est la synergie entre les unités, ce qui m’a donné assez de marge de manœuvre pour faire des ajouts.

Je suggèrerais aussi de faire très attention aux extrêmes. Un jeu qui est vraiment simple est presque impossible à modifier. Dans la même veine, peut-être voudrez-vous éviter d’ajouter de la complexité à un jeu qui demande déjà des talents d’actuaire ou de maître d’échecs, au risque de perdre tous vos joueurs (à moins, bien sûr, que vos compatriotes adorent se gratter la tête pour chacune des décisions). Dans ces cas, il vaut probablement mieux de laisser les jeux tels quels.

Réalisme ou jouabilité ?

Étant donné que de nombreux jeux de guerre se basent sur des conflits réels de l’Histoire, vous pourriez vous retrouver aux prises avec un vigoureux débat avec vos partenaires. Certains blâmeront le jeu parce qu’il ne respecte pas son cadre historique jusque dans les moindres détails. D’autres se plaindront du fait qu’un trop grand souci accordé au réalisme tue le jeu en le rendant trop rigide et en vous forçant principalement à “revivre l’Histoire”. Je doute fortement que ce débat sera résolu un jour. Cela dit, il est important de savoir où vous vous situez par rapport à cette question pour bien guider vos choix. Dans tous les cas, vous pouvez consulter des documents historiques pour voir comment certaines unités étaient utilisées en combat et ajuster les règles en fonction de vos trouvailles.

Personnellement, je favorise largement la jouabilité. À mon sens, le contexte historique permet de donner l’ambiance et l’information générale qui serviront à modifier le jeu, mais le but principal demeure d’apprécier le jeu comme activité. Par conséquent, j’aime bien m’informer sur les unités, armes et véhicules de l’époque et les implanter dans le jeu d’une manière qui approche leur rôle historique sans nécessairement les restreindre absolument à ce rôle si cela aurait un impact négatif sur la jouabilité. En faisant ainsi, je m’assure d’avoir une modification intéressante tout en ayant quand même une inspiration réaliste. Vos résultats peuvent varier et c’est pourquoi vous devez vous interroger sur votre objectif ultime lorsque vous voulez modifier un jeu.

Une fois que vous aurez répondu à toutes ces questions, il est temps de se mettre au travail !